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sabÿn

Les Sordes, Les Lucioles (La chambre des Mystères)

matériaux & substances maraboutés, installation, 2012-2013

 

Je rêve de Cérémonie ténue, un souffle sur ma vie.

L’Hôte toujours se dérobe .

Les Demeures au soir tracent la route  des morts – substances-rêves

Il me faut encore muer, troquer la peau défunte, me départir des sordes.

Inventer l’ailleurs de l’Habit, la promesse d’une terre dépouillée d’ombres…

Eux se creusent & se meuvent, souffles aux ormes, fugaces étreintes : ils n’ont pas de visage…

Je me noue de ce nœud, j’hésite entre faille, émoi, élan. La Bête furieuse  macule les parois,

la caverne ocre et rouge

extrait de mon recueil de poèmes Histoires Indécises 

 

La petite salle attenante, plongée dans la pénombre abrite une suspension : Les Sordes. Disposés sur le sol dans leurs globes de verre : les Lucioles et leurs nids de fibres échevelées.

 Les Sordes sont substances-rêves filigranées, une émanation flottante, dans l’obscurité moite où toucher au mort (vieilles peaux, ectoplasmes, enveloppes & dépouillement tout à la fois – décharnement, muer, se rénover aussi... Vieux sacs, sachet des vivants...)

C’est là amadouer, peut être nourrir et ensemencer quelques fantômes intimes, faire œuvre de sépulture, se ré-originer  dans la pérennité du cycle (flux anciens & vieilles lunes).

Neuve gestation : racler, user du corps ses membranes empoissées, aller à pas menus vers les Lucioles - survivances....

Noix de coco et tournesols comme des œufs, petites ritournelles entêtées en leurs corolles de gazes et de fibres –

Au sol
car toujours le sol est une prière...

«     On appelait guenilles les parties sexuelles des femmes (les majores labiae).[...]
      Les sordes à Rome définissaient les loques de deuil. Les endeuillés romains devenaient intouchables. Même, ils étaient intouchables à leurs propres mains. Ils ne devaient ni se changer ni manger ni se nettoyer les doigts, les dents, le sexe, l’anus. Sordidi veut dire répugnants.
       Les sordes pour les survivants correspondent aux linceuls pour les morts. [...]
      Les Otomi appellent le jadis tö-zâ, ce qui veut dire le Vieux Sac.
      Le Vieux Sac prend pour référent la vieille peau de la poche utérine rejetée lors de la naissance.
      Les ancêtres sont appelés pö-si-hta : “vieilles enveloppes paternelles pourries”.
      Les Otomi disent : le phallos ressort “vieille peau” de la vulve. Ce qui l’accroissait est parti dans l’enfant à naître. Plus la peau est flétrie, plus la vie a transité par elle, venant du monde d’en bas, pour refleurir en printemps, renaître en renaissances.

      Le vieux sac est la hottée merveilleuse. »

      Pascal Quignard, Sordidissimes 

« Nous devons donc nous-mêmes – en retrait du règne et de la gloire, dans la brèche ouverte entre le passé et le futur – devenir des lucioles et reformer par là une communauté du désir, une communauté de lueurs émises, de danses malgré tout, de pensées à transmettre  ».

Georges Didi-Huberman, Survivance des Lucioles

crédit photographique : © Bénédicte Deramaux

© sabÿn  soulard   /  plasticienne  & poète   /  2024 /  Tous droits réservés 

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